Les élections du 25 septembre ont consacré la victoire de la coalition de centre-droit, Fratelli d’Italia étant le premier parti. Giorgia Meloni est susceptible de devenir le prochain premier ministre, avec une majorité qui devrait lui permettre de gouverner pendant longtemps. Elle devra s’attaquer à de nombreux problèmes et, quel que soit le degré de sympathie politique que les citoyens éprouvent à son égard, la démocratie mettra à l’épreuve ses idées et celles du parti. Sur la base du programme officiel du FdI, examinons en particulier ce qui pourrait se passer pour le secteur automobile.
Fratelli d’Italia pourrait idéalement se trouver à l’opposé des Verts européens, qui visent à interdire la vente de voitures à moteur à combustion à partir de 2035, si ce n’est plus tôt. Le paquet Fit for 55 est mentionné comme un objectif dans le programme du parti : « Jouer un rôle actif et proactif dans les mois à venir en Europe lors des négociations du paquet Fit for 55, dans le but de défendre et de protéger les intérêts du système industriel et de production national ». En substance, Giorgia Meloni fera pression en Europe pour ralentir la transition vers l’électrique, en recherchant des alternatives plus graduelles.
Cependant, et c’est là un bel écheveau à démêler, Meloni traitera d’une réalisation du gouvernement Draghi, à savoir le PNRR. L’Europe a versé beaucoup d’argent en Italie pour mettre en œuvre un renouveau environnemental et industriel. Le prochain gouvernement devra s’efforcer de ne pas perdre ces ressources. En effet, le programme indique : « Réaliser les objectifs de la transition environnementale et écologique du PNRR en sauvegardant le système de production affecté par les années de crise, avec une attention particulière aux secteurs industriels difficiles à reconvertir, comme l’industrie automobile ». Par conséquent, elle ne pourra pas faire trop de barricades en Europe, et dans le même temps, elle devra non seulement défendre les entreprises actuelles, mais aussi soutenir les start-ups, voire les conversions à la production électrique.
Un autre objectif est également mentionné plus loin, à savoir le « renforcement des transports publics et de la mobilité durable ». Ainsi, s’il parvient à travailler sans trop de barricades, le gouvernement de Meloni pourrait avoir un œil sur les TLP, qui peuvent contribuer énormément à la réduction des émissions.
En effet, sur les transports (et aussi sur le sujet des taxis contre Uber), il y a un espace approfondi dans le programme du parti : » De nombreux citoyens des zones intérieures et des zones dites de « faible demande », navetteurs ou non, vivent encore dans une situation d’isolement et de marginalité « . L’accessibilité doit être garantie par un système de transport efficace et sûr, de la grande vitesse à la mobilité locale et de proximité. Élaborer un nouveau plan national de mobilité qui servira de ligne directrice aux régions et aux zones métropolitaines. Renforcer le « Care of the Rail » en donnant une plus grande impulsion à la modernisation des trains, des voies ferrées et des gares. Extension des réseaux à haut débit et à grande capacité. Combler le retard en matière d’infrastructures dans le sud de l’Italie. Renforcer les transports publics locaux réguliers, en encourageant également le remplacement écologique du parc de véhicules, et les transports non réguliers, grâce à une distinction claire entre les services de taxi et les services Ncc et à une nouvelle discipline sur les applications technologiques opérant dans le secteur ».
Au niveau des infrastructures, nous entendrons à nouveau parler du pont sur le détroit de Messine, que Fratelli d’Italia considère comme un « ouvrage symbolique et stratégique pour le développement du système de transport italien ».
En résumé, pour Fratelli d’Italia, la voiture électrique n’est pas la seule réponse à la réduction des émissions : le nouveau gouvernement tentera de remodeler les incitations, dans le cas d’une nouvelle proposition, en visant également (et pas seulement) les voitures endothermiques. Au sujet des puces et des nouvelles gigafactories qui pourraient potentiellement être construites sur le territoire, Meloni pourrait donner son feu vert, mais il faudra un soutien infrastructurel fort que seul un gouvernement fort peut garantir. Les constructeurs automobiles seront très attentifs aux décisions du nouveau gouvernement : nous commencerons à en savoir plus lorsque l’équipe de ministres sera formée.